Plein de questions autour de la cérémonie laïque ou symbolique

La semaine dernière, j’avais la joie d’être invitée à parler de mon métier par la jolie Marie – fondatrice du club « The Curious Optimists », pour son 1er RDV parisien. Oui parce que la dame revient d’un loooong voyage autour du monde, au cours duquel elle a d’ailleurs réalisé un docu sur les optimistes du monde entier. J’aurais surement l’occasion de vous en reparler parce qu’à mon avis, ça va valoir le détour cardiaque et oculaire.
Le RDV avait lieu – what else ? – au Curieux Salon, un lieu d’échanges culturels, artistiques et humains campé sur l’île St Louis qui a le don de te (re)donner foi en l’humanité parisienne…
Le principe : 1h pour découvrir 3 parcours, idées, réflexions, projets.

Un objectif : inspirer le petit monde installé dans les fauteuils métissés de cette chaleureuse antre.
Et pour clore la soirée : une activité collective qui cette fois, n’était autre qu’un très chouette cours de danse blues.
Je serais assez tentée d’écrire 8 pages sur comment j’ai été bluffée et ultra-inspirée par Andrée, poétesse de 88 ans, la 1ère à nous avoir fait profiter d’une verve et d’un optimisme carrément cosmique.  Et pour tout dire, je sauterai sur la moindre occasion de donner une place à ses œuvres dans une cérémonie placée sous le signe du miracle …

Mais pour l’heure, je voudrais tout simplement vous faire part des questions qui m’ont été posées à cette occasion, et y répondre (brièvement, car je pourrais flinguer mon capital salive/dextérité d’une vie avec une seule de ces questions)

Comment t’est venue l’idée de devenir créatrice et célébrante de cérémonie ?
A l’origine de l’origine, quelques lectures inspirantes, et notamment une : « se marier autrement » de Florence Servan-Schreiber, prêté presque par hasard par des amis entre la poire et le fromage.
Un déclic : la préparation de ma cérémonie d’engagement en 2010, merveilleuse mais aussi ultra chronophage et ultra … anarchique ;-/ m’a fait prendre conscience de la complexité d’être à la fois l’acteur et le penseur, le « préparé » et le « préparateur ». Mais c’est pourtant à cette occasion (inoubliable soyons clairs) que les 1ères occasions d’accompagner d’autres couples se sont offertes !
Il fallait néanmoins que tout cela décante un peu dans mon crâne de blonde, et mon déclencheur je l’ai trouvé en voyageant. De longs mois autour du monde avec un mari et un backpack, l’occasion de constater avec émerveillement que la célébration des grands passages de la vie a quelque chose d’universel. Donner du sens, ritualiser les moments importants est définitivement LE sujet qui me passionne.
Tout cela fusionnant gaiment avec mon envie de placer le sens au coeur de ma propre existence, et d’apporter si possible ma pierre à l’édifice de l’Egalité avec un grand « E », c’est sur Gili Trawangan – en toute simplicité, après avoir recueilli l’avis éclairé de 2, 3 tortues – que Kosmic DAY a vu le jour. Bon dans ma tête à ce stade mais l’aventure était lancée !


Peux tu nous raconter un truc super original que tu as fait pour une cérémonie ?

Ha ! Souvent la 1ère question que l’on me pose et j’avoue que j’y réponds avec de plus en plus de réserve. D’un côté, je comprends… c’est intriguant ces histoires de symbolique ! On s’imagine plein de choses, on fantasme un peu sur le côté ésotérique d’un « rituel de passage », terme que j’emploie souvent pour désigner ce que représente la cérémonie symbolique, qu’elle célèbre un mariage, l’accueil d’un enfant, la mémoire d’un défunt, etc.
Pourtant, la symbolique, ce n’est pas l’extraordinaire. Ou en tous cas, pas nécessairement. Tout l’intérêt qu’il y a à matérialiser le sens n’a pas grand-chose à voir avec le non-conformisme, en fait.
Je conçois assez bien que c’est rigolo pour beaucoup de monde d’imaginer cette cérémonie des mains liées que j’avais eu la chance de préparer avec un chaman, dans un esprit très « connexion avec la nature ». Mais en réalité, il s’agissait avant tout de s’inscrire dans l’histoire des mariés, dont la spiritualité est empreinte des pratiques amérindiennes, et de rendre hommage à la relation particulière qui les liait avec P. (ledit chaman donc).
handfasting2
Mais lorsqu’un papa met la main de sa fille dans celle de l’homme qu’elle s’apprête à épouser ou lorsque les enfants respectifs des mariés se réunissent pour leur apporter leurs alliances, le symbole est tout aussi puissant. Plus courant, mais pas moins puissant.
Bref, je ne crois pas que l’objectif d’une cérémonie soit de chercher à tout prix le non-conformisme; d’ailleurs le simple choix d’une cérémonie non-traditionnelle est déjà en soi une forme d’« originalité » non ?
Je crois (et a priori je ne suis pas réputée pour être la rabat-joie du village) que la cérémonie symbolique sert le sens, la sincérité, les sentiments, en aucun cas une étrange compet’ de singularité (tiens d’ailleurs cet article parle de ça).
Ce sont tous les petits détails minutieusement imaginés qui rendent une cérémonie unique. Un mot, un geste, une couleur, une odeur, un silence, la place donnée à une personne, à un objet, à une musique.
Le sens se cache dans les détails et l’essentiel est que la cérémonie reflète l’état d’esprit de celles/ceux que l’on célèbre, qu’ils soient complètement atypiques ou résolument traditionnels !


Donne nous un exemple de geste ou de rituel symbolique
Echanger des alliances, casser le verre, planter un arbre, allumer une bougie, se tenir les mains, marcher côte à côte, … encercler, embrasser, boire, manger, construire, nouer, partager, écouter, bruler, tatouer, se placer, offrir, chanter…
Tout ou presque peut prendre une dimension symbolique ! Tout l’enjeu de la création d’une cérémonie est de savoir quand, comment et pourquoi choisir de matérialiser le sens de telle ou telle manière.
Un exemple dont je parlais lors de cette soirée : la dernière cérémonie de mariage de la saison 2014. La mariée est de confession juive et le marié de tradition catholique ; leur mariage avait lieu au Maroc, pays musulman (ou ils vivent). Il leur tenait à cœur de considérer tous ces héritages. Parallèlement, ce sont de grands épicuriens, curieux de tout ce qui peut se déguster ! Lors de la préparation, ils se sont montrés particulièrement investis dans la réflexion sur ce que signifie partager toute une vie, cheminer et évoluer ensemble.
Nous avons donc (entre autres !) inclus des symboles tels que l’échange d’alliances ou le bris du verre (par le marié, invité par sa belle-maman) puis revisité la tradition du Tefor (le plat traditionnel qui contient le lait et les dattes dans les mariages musulmans) en faisant déguster aux mariés plusieurs mets symbolisant les moments qu’ils auront à vivre ensemble. Ce geste était à la fois un clin d’œil au Maroc et aux marocains présents pour l’occasion, un hommage à leur philosophie de vie et une manière ludique de marquer dans leurs esprits les engagements qu’ils prenaient. Un très joli moment !


Où a lieu la cérémonie ?
Au sommet d’une montagne, sur une petite plage à l’abri des regards, dans le jardin de Mamie Jacqueline, sous un chapiteau, dans un théâtre, un ciné, sur le lieu des 1ers émois / d’une décision importante / d’un moment marquant, au fond du hangar de Tonton Bernard aménagé pour l’occasion ou même dans un ancien lieu de culte désacralisé…
A peu près où l’on veut, sachant que si l’on choisit un lieu public, il faudra demander une autorisation.
Je sais, ça plombe l’ambiance, mais il faut également penser à la météo. Si l’on tient à ce que la cérémonie ait lieu à l’extérieur, un plan B – salle, barnum – est néanmoins obligatoire à moins d’assumer le côté free party en mode boue et brushing foutu.
Dans les faits, la cérémonie a presque toujours lieu dans l’enceinte du lieu de réception pour un mariage (le parc du château, le jardin ou la cour du domaine, la jolie grange en pierres…) et dans un lieu privé (jardin ou intérieur) dans le cas d’un « baptême symbolique ».
Beaucoup de lieux peuvent accueillir une cérémonie symbolique. Pour l’atmosphère conviviale et chaleureuse, il vaut mieux éviter les salles de séminaires à moquette immonde et autres MJC glaciales éclairées au néon, c’est un fait. Mais sinon, c’est open !


Peut on y inclure des éléments religieux ?
Le principe de base, c’est que l’on fait bien ce qu’on veut ! Mais voilà, la vie est un  vaste compromis 😉
D’abord entre les mariés / les parents qui ne partagent pas toujours la même religion et, plus largement, les mêmes coutumes. Dans ce cas, qui correspond à environ 40% des célébrations, la cérémonie est un moyen de symboliser et donner corps à ce mélange. Perso, j’adore, même si l’enjeu est double : mettre l’amour au 1er plan tout en respectant 2 croyances/traditions/cultures.
2ème cas, qui relève plus de la diplomatie : l’envie de répondre aux exigences désirs de certains proches que le choix d’une cérémonie non religieuse indispose. Je vous épargne les perles du type « s’il n’y a pas de lecture de l’ancien testament je te déshérite » parce que bon, les drames familiaux restent quand même relativement rares !
Souvent, il s’agit d’un mélange de frustration (je prépare discrètement le mariage de ma fille dans l’église du village de mon enfance depuis 20 ans) et de peur face à l’inconnu (cette cérémonie étrange ne serait-elle pas un genre de parodie blasphématoire qui va m’humilier sur 4 générations ?).
Pour apaiser le climat,  ou tout simplement faire plaisir, il arrive donc que l’on inclue dans la cérémonie un élément « religieux » ou du moins traditionnel : un texte, une référence à Dieu, un rituel traditionnel, etc.
Et bien sur, le choix d’une cérémonie personnalisée est parfaitement compatible avec la spiritualité au sens large. Si un élément religieux ou lié à une croyance/philosophie est important pour ceux que l’on célèbre, il a sa place dans la cérémonie. Encore une fois, la cérémonie symbolique n’a pas vocation à imposer un cadre mais à donner la possibilité à chacun de créer celui qui lui convient.


La cérémonie symbolique, ça marche aussi pour les divorces
 ?
Je ne pensais pas qu’on me poserait cette question aussi souvent ! Même si c’est sur le ton de l’humour qu’elle est posée, je réalise qu’elle n’en demeure pas moins réelle… D’ailleurs, les « cérémonies de divorce » existent et prennent de l’ampleur, aux USA notamment. Bon, honnêtement, je n’en n’ai jamais fait et je ne suis pas forcément très à l’aise avec cette idée. Néanmoins, soyons cohérents jusqu’au bout, il s’agit d’un passage que certains ont certainement à coeur de marquer pour le dépasser. Comme dans le cas d’un deuil finalement.
Je ne dirai pas « fontaine…. », mais pour l’heure je reste concentrée sur les cérémonies d’engagement, cérémonies autour des enfants (naissance, adoption, baptême symbolique et parrainage) et, lorsque l’on me le demande, cérémonie autour du deuil (hommage ou de mémoire).

Je réponds à d’autres questions dans la FAQ et bien sur, appelez-moi si vous en avez d’autres ! J’ai en tous cas été ravie d’échanger avec les « curieux optimistes » qui de leur côté m’ont fait découvrir tous plein de projets innovants, inspirants, intelligents et optimistes. Et ben ça, ça fait du bien, alors MERCI.