Il y a 7 ans tout pile, mon amoureux et moi lisions ce texte de Christiane Singer à 2 voix un peu tremblotantes pendant notre cérémonie laïque.

Il me semble que c’était hier, et une éternité en même temps.
Depuis, nous avons vécu des moments de grâce et des tremblements de terre.
Depuis, le sens de l’engagement n’est plus seulement une réflexion personnelle mais le cœur de mon métier de créatrice et officiante de cérémonie.

Depuis, je l’ai relu avec certains amoureux dont l’histoire me semblait résonner avec ces mots puissants.
Il y a parfois débat, souvent beaucoup d’émotion, toujours cette conviction que l’engagement, souvent pointé du doigt comme un enfermement, est en réalité l’expression ultime de sa liberté…

« Le drame serait de ne pas tenter l’impossible… ». Soyons fous. Happy 7…

 

Extrait du texte Eloge du mariage, de l’engagement et autres folies 

« L’amour est visionnaire. Il voit la divine perfection de l’être aimé au-delà des apparences auxquelles le regard des autres s’arrête.
Entre le désir profond de se lier, de s’engager corps et âme, et le désir tout aussi profond de préserver sa liberté, d’échapper à tout lien, quel tohu-bohu ! Or, pour vivre ces exigences contradictoires et d’égale dignité sans être écartelé, il n’y a aucun secours à attendre ni de la philosophie, ni de la morale, ni d’aucun savoir constitué. Il est probable que les seuls modèles adaptés pour nous permettre d’avancer sont la haute-voltige et l’art du funambule. Un mariage ne se contracte pas. Il se danse. A nos risques et périls. »
Souvent la peur de l’engagement nous coûte cher et nous laisse errer libre certes, mais vide. Entre cette liberté si désirable et la relation vivante que notre nature appelle ardemment, le déchirement semble fatal. Je ne l’ai pas. Pourquoi notre rêve d’autonomie ne respirerait-il pas au coeur même de nos plus profonds engagements ? Pourquoi dans un respect mutuel de nos rythmes et de nos lentes métamorphoses, ne tenterions-nous pas une loyauté nouvelle ? Le mariage – et les alliances vieilles comme le monde – familles et communauté – qui volent en éclats aujourd’hui attendent d’être réinventées, modulées de neuf. Car en-deçà du bruit et de la fureur, l’histoire de notre humanité n’est qu’un lumineux tissu de solidarités secrètes.

Le miracle est déjà la rencontre d’un homme et d’une femme* dans les dédales inextricables du temps et de l’espace. Elle fait bien les choses, cette vie fluide, insaisissable et frémissante qui opère ses choix sans tergiverser et retrouve ses aiguilles dans les bottes de foin de la création. »
La vraie aventure de vie, le défi clair et haut n’est pas de fuir l’engagement mais de l’oser. Libre n’est pas celui qui refuse de s’engager. Libre est sans doute celui qui ayant regardé en face la nature de l’amour – ses abîmes, ses passages à vide et ses jubilations – sans illusions, se met en marche, décidé à en vivre coûte que coûte l’odyssée, à n’en refuser ni les naufrages ni le sacre, prêt à perdre plus qu’il ne croyait posséder et prêt à gagner pour finir ce qui n’est coté à aucune bourse : la promesse tenue, l’engagement honoré dans la traverse sans feintes d’une vie d’homme. »

Ce qui rend le mariage si fort et si indestructible, c’est qu’il réunit un homme et une femme* autour d’un projet. D’un projet fou. Souvent voué à l’infortune. D’un défi quasi impossible à réaliser et impérieux à oser. Le drame serait de ne pas tenter l’impossible, de rester, une vie entière, à la mesure de ce qu’on peut ».

* il va sans dire que dans mon esprit, ces mots s’appliquent à tous les couples