« Nous annulons notre mariage » m’annonce une charmante demoiselle il y a quelques jours, avec des trémolos dans la voix, symptomatiques d’un mélange de tristesse, de rage et de frustration.
Ils annulent tout. Pas pour des raisons de sous, pas à cause d’un sinistre désaccord sur le choix du thème couleur ni parce que le fiancé a fui au Mexique avec Nadine de la compta.
Non, ils sont amoureux et touchants de sincérité et animés par cet enthousiasme généreux rafraichissant. Un peu trop visiblement. Parce que s’ils « annulent tout » c’est que certains membres de la famille, parents en tête, n’acceptent pas qu’ils fassent le choix d’une cérémonie non traditionnelle…

Le poids des traditions

Et oui, ne nous voilons pas la face : dans un certain nombre de cas, le simple fait d’annoncer que vous vous écartez du chemin classique – cérémonie civile suivie d’une cérémonie religieuse – vous fera passer, aux yeux de certains proches conservateurs, pour des extra-terrestres (au mieux) ou des anarchistes ingrats (au –presque-pire).
Comme pour toute évolution sociale (je vous épargne le discours militant sur les droits des minorités parce que bon, on est pas sur France Inter non plus, mais vous voyez l’idée) il faut du temps pour que l’idée fasse son chemin…Oui, on a encore un peu de marge avant que la cérémonie « laïque » soit démocratisée au point que toutes les familles l’envisagent avec joie et sérénité. Il y a les amoureux(ses) qui s’en moquent, et puis il a ceux/celles que cela mine et dont le plaisir s’en trouve gâché…

Le moment d’incarner votre ouverture d’esprit !

Evidemment, quand belle-maman, l’œil écarquillé et la narine tremblotante, t’explique que tes lubbies de bourgeois(e) rebelle « ça va bien », comme si tu avais 12 ans,  tu t’agaces. C’est à ce moment précis que tu dois puiser dans tes ressources pour garder ton sang-froid et réveiller le Dalai-Lama qui sommeille en toi. Car tu n’as pas 12 ans, justement. Donc tu restes calme et tu saisis que l’origine de cette réaction (la remise en question de tout ce qui avait été projeté sur vous, la peur de l’inconnu (et le sentiment d’être has been), la peur des commentaires des invités, la peur d’être exclu(e) des préparatifs, etc.) n’est pas vraiment contre toi. Les traditions et le besoin de perpétuer les rites familiers – rassurants – pèsent lourd dans certaines circonstances. Et là, pas de bol, tu es en plein dedans.


On a tous un jour mal réagi devant le changement ou été déçu que quelque chose d’important ne se déroule pas comme on l’avait prévu, non ? Un peu d’indulgence ne fait jamais de mal…
Et puis, sans vouloir verser dans la caricature bisounoursienne, je crois qu’on peut dire que les personnes qui font le choix d’une cérémonie d’engagement personnelle sont souvent sensibles, ouvertes et magnanimes…c’est l’occasion idéale de le confirmer ^^

dzkpdk
Gérer le schmilblick diplomatique

Non parce que le mieux serait quand même d’esquiver l’hystérie généralisée et surtout de ne pas en arriver à des extrêmes (ie annuler le mariage).
Vous ne ferez sans doute pas l’économie d’explications circonstanciées et argumentées pour convaincre les plus réticents que ce choix n’est pas nécessairement celui des adeptes du blasphème public.
Préparer un petit exposé pour gérer les questions pièges n’est pas forcément un mauvais calcul, surtout si belle-maman a une légère tendance à vous attendre au tournant…

Il ne faut pas non plus hésiter à mobiliser votre officiant(e) qui 1/ a l’habitude de dealer avec les réactions des uns et des autres, 2/ bénéficie de la neutralité et d’une certaine « autorité » pour dépassionner un peu l’affaire.
Car oui, il n’est pas rare que certains malentendus soient à l’origine du rejet radical de certaines personnes qui imaginent que votre mariage va ressembler à une free party clandestine avec option spiritisme. Quand on leur explique gentiment qu’il s’agit de célébrer l’amour avec sens et authenticité, ça passe déjà mieux !

Le bon côté des choses

Selon le degré de boxon que vous avez introduit en annonçant ce choix alternatif de cérémonie, la période de flou artistique (voire de malaise, voire de guerre froide dans les cas les plus extrêmes) peut être plus ou moins longue et vous demander plus ou moins d’aptitudes à la diplomatie. Cependant, j’ai pu constater que la situation pouvait aussi conduire à de belles surprises !

Parce que  d’abord, vous faites le choix du sens et de la sincérité. Vous allez donc vous interroger, verbaliser qui vous êtes et ce qui vous anime, parler de votre histoire et exprimer vos sentiments… et si vous acceptez de partager un bout de tout ça avec les boudeurs, il y a de fortes chances que l’atmosphère se détende, et que Oh Bonheur, vous en arriviez même à partager des moments inespérés avec votre famille qui soudain réalise que ce choix vous rapproche…
D’autant que vous aurez peut-être envie de leur confier un rôle particulier dans votre cérémonie. Je ne vous fais pas de dessin ; cette « distinction » contribue généralement à anéantir le système inconnu=peur=rejet au profit du système implication=valorisation=au taquet.

Enfin, s’il est une chose que je peux vous affirmer c’est qu’une cérémonie inconnue et inattendue implique une attention de chaque seconde. Ce qui veut dire que vos proches ne perdront pas une miette de votre cérémonie. Ce qui veut dire qu’ils réaliseront combien votre mariage est fidèle à ce que vous êtes et qu’ils en seront probablement émus. Ce qui veut dire qu’ils comprendront et respecteront votre choix, voire l’envieront 🙂

By the way, il deviendra limpide pour tout le monde que la spiritualité existe en dehors du cadre religieux.
Et que les choses soient claires, les personnes véritablement attachées au sens d’un engagement religieux sont bien plus emballées par une cérémonie personnelle que par un sacrement folklorique vide de sens. Na !
Bilan : point de découragement face aux réticences, votre constance et votre foi en vous devraient payer  !