« ca me paraît très cher pour 1h de prestation », « on me propose la meme chose pour 3 fois moins cher », « maintenant que j’ai vu le résultat, je serais prêt à payer beaucoup plus »,  » je pensais que c’était juste pour faire comme les Américains mais maintenant je comprends tout le travail qu’il y’a eu pour préparer cette cérémonie « 

Qui dit profession récente et accessoirement non réglementée, dit zéro repères ou presque et ces remarques, entendues régulièrement, en témoignent pas mal…

Pour entrer sans tortiller dans le vif du sujet, le nombre d’officiant(e)s connaît une croissance exponentielle en France et les tarifs proposés varient à peu près de 300 à 3500 euros. Un grand écart qui peut s’avérer déstabilisant quand on veut dénicher la perle rare tout en évitant l’empapaoutage !

Mais se poser la question du prix, c’est se poser la question de ce que l’on cherche et si possible du réalisme économique de la proposition … avant de trancher sur un plan purement comptable.

 

Que propose l’officiant(e) ?

Non parce que cela paraît bête comme ça, mais quand au hasard des appels de la rentrée, on me glisse que mon boulot consiste en une petite animation d’1h, j’ai tendance à trembloter de la narine et à me repasser la scène finale de Reservoir Dogs dans ma tête.
C’est un peu comme si tu disais à Karl Lagerfeld que son travail se résume à regarder défiler des mannequins pendant la fashion week un Cosmo à la main. Sauf qu’en vrai, le défilé, comme la cérémonie laïque, est le fruit d’un processus, d’une réflexion, d’une préparation, de recherches, d’observations, d’une intention qui demande du temps et de l’engagement. En tous cas pour moi.
Chaque officiant aura bien sur son approche. Catalogues complets ou recherches individualisées, trame pré-construite ou structure repensée pour chaque cérémonie, place de l’écriture, place des échanges préparatifs … autant de partis pris qui font évidemment varier le temps passé, le nombre de cérémonies par an et donc, le tarif.

Certes, les choses se compliquent un peu quand des sites web ou com’ sont purement et simplement copiés-collés par des individus peu scrupuleux (qui soit dit en passant ne sont pas non plus très créatifs, ce qui, on va se le dire, n’est pas de très bon augure dans ce métier).

C’est là qu’il faut se rendre à l’évidence : la rencontre est essentielle.
Pour poser toutes vos questions (approche, méthode, expériences, périmètre de la prestation, convictions …) et puis surtout, SURTOUT, parce que choisir son officiant ne peut pas (je crois) être une décision 100% rationnelle, basée sur un contact en deux dimensions. C’est une rencontre, un feeling, une histoire de confiance prête à s’installer, de proximité naturelle qui donnera aux échanges toute leur profondeur.

Parallèlement, il n’est sans doute pas inutile de réveiller un peu le Guillaume Debailly qui sommeille en vous (non pas d’addiction aux séries, pourquoi ?) et glaner quelques infos ici ou là, sur la toile, auprès des clients ou prestataires et de les mettre en perspective avec la promesse !

 

La cérémonie laïque est-elle une priorité pour vous ?

Pas si idiote qu’elle en a l’air, cette question.
On me demande souvent si le tarif que je pratique est lié au budget global du mariage. Nombreux sont ceux qui imaginent que je ne participe qu’à des mariages dont le budget frôle le PIB de la Somalie.

Ce que je constate moi, c’est que le sujet est souvent ailleurs.
J’ai rencontré des couples avec 200 000 euros de budget mariage, résolument opposés à dépenser plus de 1000 euros pour leur cérémonie, quand d’autres sont prêts à y consacrer un tiers de leur mini budget.
Tout le monde n’a pas les mêmes priorités dans la vie et s’il y a bien une occasion de les laisser s’exprimer, c’est le jour de son mariage. Peut être pas en hypothéquant son appart, mais en faisant des choix.

Il y en a pour qui le rêve absolu, c’est de s’offrir Versailles et déambuler dans la galerie des glaces dans une robe ornée de diamants, quitte à manger des spaghettis bolo.
Il y en a pour qui l’essentiel est de miser sur la soirée, option piscine de homards, champagne illimité et David Guetta aux platines, et pour qui le reste n’est que détail.
Et puis, il y en a pour qui l’essentiel touche au sens, à l’émotion, aux mots, aux symboles et qui envisagent leur cérémonie comme le cœur de leur mariage, et qui lui feront naturellement une place de choix dans leur budget.

 

Le bon prix pour le/la bon(ne) officiant(e) de cérémonie

Finalement, la question n’est pas de savoir combien coute un officiant puisqu’il existe DES officiants aux propositions et aux styles très variés. Et si la bonne décision se situait au carrefour entre le degré de priorité que la cérémonie représente et la proposition de l’officiant choisi ?
Se posera alors seulement la question de la cohérence entre proposition et prix.
Et à ce sujet, je vous livre ici un petit calcul rapide qui n’engage que moi mais sonnera plutôt juste pour plusieurs officiantes avec qui je papote régulièrement. Juste histoire de visiter un peu les coulisses de ces chiffres qui font parfois froncer les sourcils…

 

Sur ma petite planète, créer une cérémonie c’est 25 à 30h de préparation (RDV et échanges, recherches, création du déroulé, conseils sur les vœux…), 3 à 8h d’accompagnement des intervenants, 20 à 25h d’écriture de la cérémonie, 1h d’organisation (logistique, contacts avec les pros…) et d’installation, 1h de célébration. Soit au minimum 50h de travail pour chaque projet (et parfois beaucoup plus).

50h mises en perspective avec différents tarifs de la fourchette existante, c’est ça :aa214a76d32996aec041ee8ae2f81df9
3500 euros   > 70 euros / h
2500 euros   > 50 euros / h
1500 euros   > 30 euros / h
1000 euros   > 20 euros / h
800 euros     > 16 euros / h
500 euros    > 10 euros / h

Notons que pour les besoins de la cérémonie, un(e) officiant(e) se déplace (entre 1h et 24h), imprime des documents, prépare du matériel éventuellement (et je ne parle pas de housses de chaises ou d’arche de cérémonie, ce qui n’est pas le même métier).

Comme tout le monde, un indépendant paie des charges et des impôts. Pour un micro-entrepreneur, c’est 25% du CA environ, plus la cotisation foncière des entreprises.
S’ajoute éventuellement le cout d’un bureau (variable mais au moins 250 euros HT/mois à Paris) et les frais inhérents à l’activité – transports, ordinateur, carnets, … – (non déductibles pour un micro-entrepreneur).

Bilan, à moins d’accompagner 40 couples par an, ce qui me semble impossible, compte tenu de la dimension « créative » de ce métier et de l’investissement qu’il demande (sans compter que mon mari et mes enfants me renieraient définitivement, rapport à toutes les soirées et weekend que je consacre à mes clients), je ne vois pas comment vivre correctement en proposant un travail sur-mesure à moins de 40 euros/h . J’ai du mal à comprendre comment font ceux qui prétendent pouvoir le faire (et là je ne parle même pas de niveau d’études, d’expérience ou de talent !).

Voila. Bon, je ne sais pas trop si cet article parle de finances, de mariage ou de territoire… en le relisant je le trouve modérément fun mais une fois n’est pas coutume 😉
Ce que j’espère, c’est qu’il aidera un tout petit peu les futurs mariés à trouver leur chemin dans le paysage vallonné de la cérémonie laïque … et à valoriser le travail des officiant(e)s qui défendent un métier fantastique et méritent d’être rémunérés à la hauteur de leur engagement. Un engagement forcément proportionnel à la valeur qu’on lui attribue. Non ?